Ma vie de chasseuse de trésors: Le jour où la brocante m'a transformée en détective de l'histoire
Pour certains, le lundi matin est synonyme de journée de reprise du boulot avec la pression d’une routine. Pour moi, c'est le jour de la chasse. Chaussures plates ou baskets, armée d'un tote-bag, mon mètre, mes gants dans le compartiment central de mon véhicule et d'une détermination sans faille, je me transforme en une véritable détective de l'objet.
Ma quête? Débusquer ces stars cachées, ces petits trésors oubliés, qui se morfondent entre une machine à crêpes et un service en porcelaine ébréché.
Loin du consumérisme frénétique des centres commerciaux, la brocante est mon sanctuaire, mon musée à ciel ouvert où chaque étal raconte une histoire. Et, si vous avez la chance de fouler le sol martiniquais, cette histoire est encore plus savoureuse.
Ici, la brocante est une véritable machine à remonter le temps. On y trouve pêle-mêle des bibelots importés d'une autre époque, des créations artisanales qui portent l'empreinte de leurs mains, et bien sûr, la fameuse chaise en bois de Tonton Roger qui a miraculeusement survécu à trois générations. Heureusement, j’ai eu l’excuse d’une mission de scénographie de tournage pour un film de la Martinique des années 70 pour faire ma sélectionneuse ligue 1 dans les centres de l’ACISE (samu social en Martinique, ayant des établissement destinés à la revente d’objet de secondes main).
Evidemment c’est un rituel à chaque destination. Une veste de couturier à Amsterdam, une illustration sur papyrus à Leyde, un vinyle de Marvin Gaye à Londres, une valise en cuir à Montréal, trop de choses à Paris, Santa Monica, Brooklyn WOY!!!… je me souviens précisément de chaque objets adoptés, je me souviens de son emplacement, son odeur comme si c’était hier.
Le point important, je sais précisément où il sera posé. C'est là que réside mon super-pouvoir.
“Beaucoup connaissent le prix sans connaitre la valeur des choses.” dixit Jay-Z
Comme je le dis souvent, il y a le HAS BEEN et le VINTAGE.
Je ne vois pas une vieille table bancale, je vois l'épicentre d'innombrables dîners de famille.
Je ne vois pas une pile de vinyles rayés, je vois une collection de tubes qui ont fait danser des adolescents en pleine crise.
Chaque objet a sa propre aura, et je suis là pour les sauver de l'oubli. Mon petit doigt me dit même que certains ont déjà été des stars, mais que le temps les a un peu oubliées. Alors, telle une productrice de cinéma repérant son futur talent, je me dis : "Toi, tu as du potentiel Bébé!"
Ce n'est pas qu'un simple achat, c'est une mission de sauvetage. J’ai la sensation d’être une collectionneuse de vies, une gardienne des histoires qui se cachent derrière chaque objet. Et quand je ramène une petite perle à la maison, je ne ressens pas la satisfaction d'un achat, mais la fierté d'avoir offert une deuxième chance à un objet qui en valait la peine et la sensation d’avoir un objet qui en sait plus que moi. Une sorte de karma du consommateur.
Alors, la prochaine fois que vous me verrez, fouillant les moindres recoins d'un étal, les yeux brillants et le sourire aux lèvres, ne vous moquez pas.